Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/164

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aussi pitoyable ? Et des ruisseaux de larmes coulaient de ses beaux yeux, en se livrant à d’aussi cruelles réflexions !

À peine les finissait-elle, qu’un bruit imprévu se fit entendre. Oh ! Dieu, le voilà peut-être encore, le barbare, dit-elle en frémissant ; il me poursuit, il veut ma perte, il a conjuré contre mes jours ; je suis une fille perdue. Et tout en se renfonçant dans le taillis qui la couvre, elle a pourtant le courage de prêter l’oreille.

Deux hommes occasionaient ce bruit ; viens, mon ami, disait celui qui paraissait le maître, au jeune garçon qui le suivait ; viens, nous serons à merveille ici ; la cruelle et fatale présence d’une mère que j’abhorre, ne m’empêchera pas du moins, dans ce lieu sauvage, de goûter un moment avec toi des plaisirs qui me sont si doux ; ils s’approchent, en disant cela, et se placent tellement en face de Justine, qu’aucun de leurs propos, aucun de leurs mouvemens ne peut lui échapper. Alors le maître qui paraît âgé de vingt-quatre ans, déculotte l’autre, dont l’age est de quatre lustres au plus, le branle, lui suce le vit, et le fait bander. La scène est longue… scandaleuse, remplie d’épisodes… entremêlée de