Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/171

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la contemplent avec volupté ; ils saisissent avec empressement, sur son visage, chacune des contorsions que lui arrachent ses brûlantes angoisses, et modèlent leur affreuse joie sur le plus ou le moins de violence observée dans ces contorsions.

En voilà assez, dit Bressac ; je consens, pour cette fois, qu’elle en soit quitte pour la peur.

Justine, continua-t-il, en lâchant ses liens et lui ordonnant de se r’habiller, soyez discrète, et suivez-nous ; si vous vous attachez à moi, vous n’aurez pas lieu de vous repentir. Il faut une seconde femme à ma mère ; je vais vous présenter à elle ; et, sur la foi de vos récits, je lui répondrai de votre conduite. Mais si vous abusez de mes bontés, si vous trahissez ma confiance, ou que vous ne vous soumettiez pas à mes intentions, regardez ces quatre arbres, Justine ; examinez le terrain qu’ils ombragent et qui devait vous servir de sépulture ; souvenez-vous que ce funeste endroit n’est qu’à une lieue du château où je vous conduis, et qu’à la plus légère faute, vous y serez aussi-tôt ramenée.

La plus frivole apparence de bonheur est à l’infortuné ce que la bienfaisante rosée du