Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/176

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triste, mais il n’en est pas moins essentiel qu’elle soit dévoilée, afin que chacun puisse régler sur elle sa conduite dans les évènemens de la vie.

À l’égard de l’incendie des prisons du palais, on se convainquit que, si Justine avait profité de cet évènement, au moins n’y avait-elle participé en rien, et sa procédure s’anéantit, lui assura-t-on, sans que les magistrats qui s’en mêlèrent crussent devoir y employer d’autres formalités. La pauvre fille n’en savait pas davantage.

Pour peu qu’on ait acquis jusqu’à présent une connaissance assez étendue de l’ame de notre héroïne, on se, figure aisément combien de pareils procédés l’attachaient à madame de Bressac. Justine, jeune, faible et sensible, ouvrait avec plaisir son cœur aux sentimens de la reconnaissance ; follement persuadée qu’un bienfait doit lier celui qui le reçoit à celui de qui il émane, la pauvre fille épanchait à loisir dans le culte de ce sentiment puéril toute l’activité de son ame ingénue ; il s’en fallait bien que l’intention du jeune homme fut pourtant d’enchaîner Justine si fortement aux intérêts d’une mère qu’il ne pouvait souffrir ; mais nous croyons que