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c’est ici le cas de peindre ce nouveau personnage.

Bressac réunissait aux charmes de la jeunesse la figure la plus séduisante ; si sa taille ou ses traits avaient quelques défauts, c’était parce qu’ils se rapprochaient un peu de cette nonchalance… de cette mollesse qui n’appartient qu’aux femmes ; il semblait qu’en lui prêtant les attributs de ce sexe, la nature lui en eût également inspiré les goûts. Quelle ame cependant était enveloppée sous ces appas féminins ! on y rencontrait tous les vices qui caractérisent celles des plus grands scélérats ; on ne porta jamais plus loin la méchanceté, la vengeance, la cruauté, l’athéisme, la débauche, l’oubli de tous les devoirs, et principalement de ceux dont des ames moins énergiquement prononcées paraissent faire leurs délices. La première manie de cet homme singulier était de détester souverainement sa mère, et malheureusement cette haine, fondée en principes, s’étayait chez lui, et sur des raisonnemens sans réplique, et sur l’intérêt puissant qu’il devait nécessairement avoir d’en être fort vite débarrassé. Madame de Bressac faisait tout pour ramener son fils dans les sentiers de la vertu, mais elle y employait