Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/194

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fallait au moins deux ânes par pucelle ; il n’y a pas d’honnête créature qui ne soit flattée, en pareil cas, d’en avoir un par devant, et l’autre par derrière.

Mais Dieu, bête, ignorant, mauvais géographe, affreux chronologiste, détestable physicien, sera-t-il meilleur naturaliste ? Non vraiment ; car il nous assure qu’il ne faut pas manger du lièvre, parce qu’il rumine et qu’il n’a pas le pied fourchu ; tandis qu’il n’y a pas d’écolier de huitième qui ne sache que le lièvre a le pied fendu et qu’il ne rumine pas. Mais c’est quand il fait le législateur, votre sublime Dieu, qu’il devient réellement superbe : y a-t-il rien de si sage, de si essentiel que de recommander aux maris de ne point coucher avec leurs femmes quand elles ont leurs règles, et de les punir de mort si cela leur arrive, de prescrire la manière dont il faut se laver, se torcher le cul ?… En vérité tout cela est du plus grand genre ; et s’il est aisé de reconnaître à tout la main de l’Eternel… il est assurément bien facile d’aimer un Eternel qui prescrit de si belles choses.

Comment me prouverez-vous la nécessité d’un miracle pour passer le Jourdain, qui n’a pas quarante pieds de large ?