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reilles gentillesses dans un livre dicté par l’esprit de Dieu ?

Mais ce que j’espère au moins que vous m’expliquerez, c’est le dix-neuvième verset du premier chapitre des Juges, par lequel il est dit que Dieu qui accompagne Juda ne peut gagner une victoire, attendu que les ennemis ont des charriots armés de faux. Comment se peut-il qu’un Dieu qui arrête le soleil, qui change tant de fois le cours de la nature, ne puisse venir à bout de vaincre les ennemis de son peuple, parce qu’ils ont des charriots armés de faux ? Ne se pourrait-il pas que les Juifs infiniment plus athées que nous ne le croyons, n’eussent jamais regardé leur Dieu que comme une Divinité locale et protectrice, qui tantôt était plus puissante que les dieux ennemis, et tantôt était subjuguée par eux ? Cette opinion n’est-elle pas prouvée par cette réponse de Jephté… « Vous possédez de droit ce que votre Dieu chamos vous a donné, souffrez donc que nous jouissions des biens qu’adonaï notre Dieu nous a donné de même ». Maintenant je pourrais vous demander encore comment il se trouvait un si grand nombre de charriots armés de faux dans un pays si montagneux, qu’on ne pouvait y voyager qu’avec des ânes ?