Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/205

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n’est-ce pas une preuve évidente que les quatre canoniques n’étaient pas encore faits !

Et toutes ces fraudes, pièces où le mensonge et la fourberie sont obligés de recourir pour étayer vos absurdités chrétiennes, ne sera-ce pas avec un peu de peine que vous les légitimerez à mes yeux ?

Dites-moi pourquoi Jésus n’ayant point institué sept sacremens, votre religion en admet pourtant sept ? Pourquoi Jésus n’ayant jamais parlé de la Trinité, vous adorez pourtant la Trinité ? En un mot, pourquoi votre Dieu, réunissant autant de puissance, n’a pourtant pas celle de nous instruire de toutes ces vérités si essentielles à notre salut ?

Abandonnons un instant tout ce qu’on dit de votre Christ ; jugeons-le sur ses paroles et sur ses actions, plus que sur les relations de ceux qui nous en parlent. Comment, je vous en prie, des hommes raisonnables peuvent-ils encore ajouter quelque croyance aux paroles obscures, aux prétendus miracles du vil instituteur de ce culte effrayant ? Exista-t-il jamais un bateleur plus fait pour l’indignation publique ? Qu’est-ce qu’un Juif lépreux, qui, né d’une catin et d’un soldat, dans le plus chétif coin de l’Univers, ose se faire passer