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tendre Justine ; lui trouvant de l’esprit, de la sensibilité, et cet âge naïf, où la vertu séduit et trompe à-la-fois les hommes, elle aimait à lui confier ses chagrins.

Il n’était pourtant plus de bornes aux mauvais procédés de son fils pour elle : le comte était au point de ne se plus cacher. Non-seulement il avait entouré sa mère de toute cette canaille servant à ses plaisirs, mais il avait même porté l’insolence et le délire, au point de déclarer à cette femme respectable que si elle s’avisait encore de contrarier ses goûts, il la convaincrait des charmes dont ils étaient, en s’y livrant à ses yeux même.

C’est ici où l’exactitude dont nous nous sommes fait une loi pèse horriblement à nos cœurs vertueux ; mais il faut peindre ; nous avons promis d’être vrais, toute dissimulation, toute gaze deviendrait une lésion faite à nos lecteurs, de qui l’estime nous est plus chère que tous les préjugés de la décence.

Madame, de Bressac, dont l’usage était de venir tous les ans faire ses pâques à la paroisse de sa terre, et parce qu’elle y était plus tranquille, et parce que le pasteur de ce village plaisait mieux à son ame douce et peut-être un peu timorée ; madame de Bressac, disons-