Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/220

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nous, venait d’arriver dans cette intention, et n’avait amené, pour ce voyage, que deux ou trois valets et Justine. Mais son fils, peu sensible à ces considérations, et n’ayant pas le projet de s’ennuyer pendant que sa mère allait s’extasier devant un Dieu de pain, auquel il ne croyait guères, avait à-peu-près mené le même train qu’à tous les voyages ; valets-de-chambre, laquais, coureurs, secrétaire, jokeis, tout, en un mot, ce qui servait ordinairement ses plaisirs ; ce peu d’égards donna de l’humeur à madame de Bressac ; elle osa représenter à son fils, que, pour une course de huit jours, ce n’était pas la peine d’avoir tant de monde, et sur l’insouciance du jeune homme à d’aussi sages représentations elle employa le ton de l’autorité. Ecoute, dit Bressac à Justine, devenue très-à-contre-cœur dans cette occasion l’organe des volontés de sa maîtresse, vas dire à ma mère, que le ton qu’elle prend avec moi me déplaît… qu’il est tems que je l’en corrige, et que malgré les bonnes œuvres… les devoirs pieux dont elle s’est acquittée ce matin avec toi, car je sais qu’en dépit de tout ce que j’ai fait pour te persuader des ridicules de la religion chrétienne, il n’est pas de jour où tu n’en remplisses les