Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/254

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Madame, lui dit-elle, le lendemain de sa dernière entrevue avec le jeune comte, j’ai quelque chose de la plus grande importance à vous révéler ; mais à quelque point que cela vous intéresse, je suis décidée au silence, si vous ne me donnez votre parole avant, de ne témoigner aucun ressentiment à votre fils ; vous agirez, madame… vous prendrez les meilleurs moyens, mais vous ne direz mot ; daignez me le promettre, ou je me tais.

Madame de Bressac, qui crut qu’il ne s’agissait ici que de quelques extravagances ordinaires à son fils, s’engagea par le serment qu’exigeait Justine, et celle-ci révéla tout… L’infâme ! s’écria cette malheureuse mère, qu’ai-je jamais fait que pour son bien ! Ah ! Justine, Justine, prouve-moi la vérité de ce projet, mets-moi dans la situation de n’en pouvoir douter ; j’ai besoin de tout ce qui peut achever d’éteindre en moi les sentimens que mon cœur aveugle ose encore garder pour ce monstre ; et alors Justine montra le paquet ; il était difficile d’établir une meilleure preuve. Madame de Bressac qui desirait toujours l’illusion, voulut faire des essais ; on en fit avaler sur-le-champ une légère dose à un chien qui mourut, au bout de deux heures, dans d’ef-