Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/281

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gnées de verges, qu’elle étale sur une commode, et choisissant la meilleure, elle vient en flageller son frère, qui se branle, qui s’extasie sous les coups qu’on lui porte, en s’écriant toujours à voix basse : « Ah ! Justine, si je te tenais… mais je te tiendrai, Justine, tu y passera ; il ne sera pas dit que je t’aie donné l’hospitalité pour rien… je brûle de voir ton cul, je le verrai… je le fouetterai, je le fouetterai, ce beau cul, Justine ; tu ne sais pas ce que sont mes desirs, quand le libertinage les allume ; » et Célestine cessant un moment ici de flageller son frère, vint s’appuyer les mains sur les bras du fauteuil, les fesses en l’air, en le provoquant au combat ; mais Rodin, qui ne voulait qu’essayer ses forces, et non les perdre, se contente de quelques claques, de deux ou trois morçures, et prie sa sœur d’aller lui chercher tour-à-tour les enfans de l’un et l’autre sexe, que son dessein est d’expédier. En ce moment de repos, Justine se jette dans les bras de son amie : oh ! Dieu, dit-elle, as-tu donc entendu la conjuration formée contre moi ? Ah ! ma chère fille, s’écria Rosalie, je crains bien que tu ne t’en tires pas ; tu serais la seule qui serais sortie intacte de cette maison. Je me sauverai, dit Justine,