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devait éclater ensuite, et se faire obtenir un couvent, lorsque cette fois-ci le ciel ne permit pas, comme dans la scène précédente, que la vertu triomphât du vice. Une imprudence perdit tout, et le crime rentra dans ses droits.

Justine ordinairement n’assistait point à ces mystiques exhortations ; elle faisait le guet, et son rôle était d’avertir si Rodin venait à paraître.

Se croyant tous les trois au port, on se négligea cette fois. Justine est appelée chez Rosalie ; on l’invite à partager l’extase où sa compagne va se plonger, et nos trois anges s’élançaient de concert vers la voûte du ciel, lorsque Rodin, plus rapproché des objets terrestres, et tout naturellement dévoré du desir d’enculer sa fille, la cherchait le vit à la main. Il entre dans sa chambre, croyant la trouver au lit. Dieu ! quelle est sa surprise de la voir aux genoux d’un prêtre, et le crucifix à la main ! Un moment Rodin croit rêver ; tour-à-tour il avance et recule d’effroi ; enfin il appelle à lui. Ma sœur, dit-il à Célestine qui s’avance avec Marthe, vous voyez comme on me trahit. Justine, il m’est aisé de voir à qui je dois le plan de cette séduction infâme ;