Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/338

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plaintes se font entendre… O Justine ! est-ce toi ? — Oui, chère et tendre amie, s’écrie-t-elle, en reconnaissant la voie de Rosalie ; oui, c’est Justine que le ciel envoie pour te secourir ; et les questions multipliées de cette tendre fille laissent à peine à celle de Rodin le tems de répondre. Ce fut alors que Justine apprit, et l’horrible situation où était Rosalie, et le meurtre commis par son père en la personne du pauvre abbé Delne, mais dont Rosalie ignorait les détails ; la seule chose dont elle paraissait sûre, c’est que Rodin avait eu pour complices, et sa sœur et sa gouvernante ; et que la victime, sans doute, avait beaucoup souffert, s’il en fallait juger par ses cris et par les coups de couteau dont son cadavre paraissait percé. C’est mon tour, ajouta Rosalie : hier soir mon père entra dans ma prison, suivi de Rombeau, le chirurgien de ce village, et dont je t’ai déjà dit les liaisons avec Rodin ; tous deux se sont permis des horreurs avec moi ; mon père a voulu (ce qui jamais ne lui avait passé par la tête), il a exigé que je servisse aux passions effrénées de son confrère ; mon père même me tenait pendant cette affreuse scène… Ensuite il leur est échappé des propos qui ne me laissent plus