Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/342

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 ; on ne vit pas, tant qu’un ennemi respire. — Et ta coupable fille n’y passera-t-elle donc pas ? Songe, Rodin, songe à quel point un pareil sujet peut être utile à l’anatomie ; jamais elle ne sera à son dernier degré de perfection, que l’examen des vaisseaux ne soit fait sur un enfant de quatorze ou quinze ans, expiré d’une mort cruelle. Ce n’est que de cette contraction que nous pourrons obtenir une analyse complexe d’une partie aussi intéressante ; il en est de même de la membrane qui assure la virginité ; il faut nécessairement une jeune fille pour cet examen. Qu’observe-t-on dans l’âge de puberté ! Rien ; les menstrues déchirent l’hymen, et toutes les recherches deviennent inexactes. L’âge de ta fille est précisément celui qu’il nous faut ; elle n’est pas réglée ; nous ne l’avons vu que par derrière ; de telles attaques n’endommagent nullement cette membrane, et nous l’étudierons tout à l’aise. J’espère que tu te détermineras. — Sacre-Dieu ! je le suis, reprit Rodin ; il est odieux que de futiles considérations arrêtent ainsi le progrès des sciences ; les grands hommes se sont-ils laissé captiver par d’aussi méprisables liens ? Tous nos maîtres en l’art d’Hypocrate ont fait des expériences dans les