Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/344

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grande, dit Rombeau ; je ne te conseilles pas de t’en faire un mérite aux yeux de ceux qui connaissent le chatouillement excessif que produisent ces sortes d’actions, — Je ne te cache pas qu’elles m’aiguillonnent infiniment : en général, toutes les douleurs que je produis sur les autres, soit en opérant, soit en flagellant, soit en disséquant sur le cru[1], mettent les animaux spermatiques dans une telle discordance en moi, qu’il en résulte un prurit manifeste et une érection involontaire, laquelle, sans me toucher, me conduit plus ou moins vîte à l’éjaculation, en raison du degré de souffrance imprimé sur le sujet. Tu te rappelles de m’avoir vu décharger, sans que personne ne me touchât, la dernière fois que nous opérâmes ensemble sur ce jeune garçon dont j’ouvris le flanc gauche pour observer les palpitations du cœur ? Quand j’en fus à couper les linéamens qui captivent ce viscère, et que j’enlevais par conséquent la vie au sujet, tu te souviens que mon foutre partit malgré moi, et que tu fus obligé de m’achever ; tu

  1. Terme de l’art que ces messieurs employent pour exprimer leurs opérations sur les sujets plein de vie.