Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/345

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te rappelles de même que les dernières gouttes de sperme n’étaient pas élancées du canal, que je rebandais encore. Au reste, ne nous chicanons pas ; j’ai assez de preuves, mon cher, du rapport de tes goûts aux miens, pour que nous n’ayons aucune querelle à nous chercher mutuellement sur cet objet. Je l’avoue, dit Rombeau, j’éprouve les mêmes mouvemens, et je ne conçois point par quelle inexplicable contradiction la mystérieuse nature inspire tous les jours à l’homme le goût de la destruction de ses œuvres. Je l’entends parfaitement, moi, dit Rodin : ces portions de matière désorganisées et jetées par nous dans le creuset de ses œuvres, lui donnent le plaisir de recréer sous d’autres formes ; et si la jouissance de la nature est la création, celle de l’homme qui détruit doit infiniment flatter la nature ; or, elle ne réussit à ses créations que par des destructions. Il faut donc étonnamment détruire des hommes pour lui composer la voluptueuse jouissance d’en créer, — Aussi, le meurtre est un plaisir. — Je dis plus, il est un devoir, il est un des moyens dont la nature se sert pour parvenir aux fins qu’elle se propose sur nous. Et n’eut-il pas même un but important, comme celui