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enfans aussi-tôt qu’ils naissent. Presque toutes les femmes de l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique se font avorter sans encourir de blâme. Cook retrouva cet usage dans toutes les isles de la mer du Sud. Romulus permit l’infanticide ; la loi des douze tables le tolère de même, et jusqu’à Constantin, les Romains exposaient ou tuaient impunément leurs enfans. Aristote conseille ce prétendu crime ; la secte des Stoïciens le regardait comme louable : il est encore très en usage à la Chine ; chaque jour on trouve et dans les rues et sur les canaux de Pékin, plus de dix mille individus immolés ou abandonnés par leurs parens ; et quelque soit l’âge d’un enfant dans ce sage empire, un père, pour s’en débarrasser, n’a besoin que de le mettre entre les mains d’un juge. D’après les loix des Parthes, on tuait son fils, sa fille, sa sœur, son frère, sans encourir la moindre peine. César trouva cette coutume généralement établie dans les Gaules ; plusieurs passages du Pentateuque prouvent qu’il était permis de tuer ses enfans chez le peuple de Dieu, et Dieu lui-même enfin l’exigea d’Abraham, L’on crut long-tems, dit un célèbre moderne, que la prospérité des empires dépendait de l’esclavage des enfans ; cette opinion était fon-