Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/349

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dée sur les principes de la plus saine raison ; Eh quoi ! un gouvernement quelconque se croira autorisé à sacrifier vingt ou trente mille de ses sujets dans un jour pour sa propre cause, et un père ne pourra, lorsqu’il le jugera convenable, devenir le maître de la vie de ses enfans ; quelle absurdité ! quelle inconséquence, et quelle faiblesse dans ceux qui sont contenus par de telles chaînes ! L’autorité du père sur ses enfans, la seule réelle, la seule qui ait servi de base ou de modèle à toutes les autres, nous est dictée par la voie de la nature même, et l’étude réfléchie de ses opérations nous en offre à tout instant des exemples ; le Czar Pierre ne doutait nullement de ce droit, et il en usa ; il adressa une déclaration publique à tous les ordres de son empire, par laquelle il disait que, d’après les loix divines et humaines, un père avait le droit absolu de juger ses enfans à mort, sans appel, et sans prendre l’avis de qui que ce fut ; il n’y a que dans notre France barbare où une fausse et ridicule pitié crut devoir enchaîner ce droit. Non, poursuivit Rodin avec chaleur, non, mon ami, je ne comprendrai jamais qu’un père qui voulut bien donner la vie, ne soit pas libre de donner la mort ; je m’entendrai jamais que