Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/47

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comme je viens de te le dire, des dehors qui puissent imposer ; tu as grondé hier cette brave et honnête Desroches, de l’intérêt qu’elle prenait à toi ; eh ! ma pauvre Justine, que ferions-nous sans ces serviables créatures ? Que d’obligations ne leur avons-nous pas des soins qu’elles veulent bien prendre de nos plaisirs ou de nos intérêts ? Est-il un métier au monde plus estimable et plus nécessaire que celui d’une maquerelle ? Cette honnête fonction fut estimée de tous les peuples, toutes les nations la vénérèrent ; les Grecs et les Romains lui érigèrent des temples, le sage Caton maquerela sa femme, Néron et Héliogabale retiraient un tribut des bordels qu’ils avaient au sein de leurs palais ; les élémens sont maquereaux, ta nature elle-même l’est à tous les instans ; ce talent bien exercé est, en un mot, le plus précieux… le plus cher à la société, et les charitables gens qui l’exercent avec honneur, devraient être encouragés par des récompenses. Vous êtes bien honnête, madame, dit Desroches, toute glorieuse de voir prendre ainsi son parti… eh non, je dis ce que je pense, reprit Delmonse, c’est mon cœur qui se peint ici, et après avoir fait l’éloge du métier en général, je féliciterai