Aller au contenu

Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/53

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

long-tems compagnie. Desroches, dit ici madame Delmonse, au bout de quelques minutes de réflexions, plus je suis foutue, plus je deviens libertine ; une action chez moi détermine une idée, et cette nouvelle idée une action différente ; laisse-moi t’accompagner chez Dubourg, j’ai la plus extrême envie de voir tout ce que ce vieux coquin inventera pour se ranimer avec cette petite fille ; si mes soins lui sont nécessaires, je les lui donnerai ; tu sais que ce n’est pas la première fois que tu me procures de telles pratiques, et que sans vanité je les conduis au but tout aussi sûrement qu’une Agnès. Souvent ces vieux scélérats me préfèrent, tu le sais bien encore, et l’art chez moi suppléant à la jeunesse, je les fais souvent décharger bien plus vîte que ne le ferait Hébé même. Ce que tu me demandes est possible, dit Desroches, je connais assez mon Dubourg pour être bien sûre que je ne lui déplairai point en lui amenant une jolie femme de plus ; allons. Un fiacre arrive, la modeste Justine, toujours effrayée, y monte la première, et l’on part.

Dubourg était seul, il attendait ces dames dans un état encore bien plus indécent que la veille ; la brutalité, le libertinage, tous les