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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/55

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mémoire. Comment sommes-nous ensemble ? Mais monsieur, dit Desroches, depuis trois mois que vous n’avez compté, il y a bien près de cent mille francs. — Cent mille francs ! juste ciel ! — Mais monsieur songe-t-il que je lui ai fourni plus de huit cens filles depuis cette époque ; elles sont toutes écrites… monsieur sait bien comme je pense, il sait bien que je serais fâchée de le tromper d’un sou. — Allons, allons, nous verrons tout cela, sors Desroches, je sens que la nature me presse, j’ai besoin d’être seul avec ces deux femmes ; et vous Justine, avant que votre protectrice ne s’en aille, remerciez-la de ce que je veux bien en sa faveur vous rendre un instant mes bontés ; vous devez sentir, petite fille, à quel point vous en êtes indigne d’après votre conduite d’hier, et si vous opposez encore la plus légère résistance à mes desirs, deux hommes vous attendent dans mon anti-chambre pour vous conduire en un lieu dont vous ne sortirez de vos jours. Ici Desroches sortit. O monsieur, dit Justine en pleurant, et se précipitant aux pieds de cet homme barbare ! laissez-vous fléchir, je vous en conjure, soyez assez généreux pour me secourir sans exiger de moi ce qui me coûte assez cher pour vous