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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/57

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insensible à ta jérémiade. Sacre « Dieu, dit Dubourg, vigoureusement échauffé de l’épisode, et fourrageant déjà la complaisante Delmonse, oh foutre-Dieu ! moi te faire grace ! j’aimerais mieux t’étrangler, garce ; il se lève à ces mots comme un furieux, et faisant voir un petit vit sec et noir, il saisit sa proie avec brutalité, enlève impunément les voiles qui dérobent encore à ses yeux libertins ce dont il brûle de jouir. Tour-à-tour, il injurie, il flatte, il maltraite, il caresse : ah ! quel tableau, grand Dieu ! il semblait que la nature voulut dans cette première circonstance de la vie de Justine, imprimer à jamais dans elle, par ce spectacle, toute l’horreur qu’elle devait avoir pour un genre de crime d’où devait naître l’affluence des maux dont elle était menacée. Justine nue, fut jetée sur un lit, et pendant que la Delmonse l’y contient, le libertin Dubourg inventorie les appas de celle qui, dans ce moment critique, veut bien lui servir de

    un vit, y trouveront sans doute des plaisirs infiniment plus vifs, et la différence excessive de l’illusion à la réalité. Il est de fait qu’il n’est point de lubricité plus vive dans le monde, que celle de se faire foutre en foutant.