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mais ce dont ils ne sont peut-être pas convaincus, c’est de la part étonnante qu’avait Dubourg à cette scandaleuse affaire. C’était par les conseils de ce scélérat que la Desroches avait opéré : elle est à nous infailliblement, si nous lui enlevons toutes ses ressources, avait-il dit cruellement ; or, ce que je veux, c’est qu’elle soit à nous : donc il faut la réduire à l’aumône ; et, tel dur que put être ce calcul, il était néanmoins infaillible. Dans le dîner que Dubourg avait fait avec la Delmonse, il lui avait avoué cette petite horreur : la tête de celle-ci, fertile en tours de cette espèce, s’en était vivement allumée. Le résultat de la conspiration était que la Delmonse ferait l’impossible pour placer Justine chez elle pendant les trois mois que son mari devait encore être à la campagne ; que pendant cet intervalle, Dubourg essayerait de nouvelles tentatives, favorisées par Delmonse ; et qu’enfin, si rien ne réussissait, on en tirerait une vengeance éclatante, afin, disait Dubourg, que la vertu se trouve, dans cette aventure, aussi molestée, aussi dégradée qu’elle doit toujours l’être, chaque fois qu’elle ose combattre le vice à visage découvert. Ce joli complot décidé, le mil-