Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/65

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Justine, il ne m’est pas possible de vous élever sur-le-champ aux premiers emplois de ma maison ; mais vous y parviendrez, mon ange ; et, quelque subalterne que soit, en attendant, celui que je vous donne, croyez que je n’en aurai pas moins de considération pour vous. Je ferai tout, madame, dit Justine ; trop heureuse de trouver au moins la vie et l’honneur dans votre maison. Vous serez ma fille de garde-robe, mon enfant, reprit la Delmonse ; tout ce qui tient à la propreté de cette partie vous regardera, et si vous vous conduisez bien, avant un an je vous élève au poste de ma troisième femme. Oh ! madame, répondit Justine, confuse… je n’aurais pas cru… — Ah ! je le vois, de l’orgueil, Justine ; sont-ce donc là les vertus que j’attendais de vous ? — Vous avez raison, madame, l’humilité doit être la première, c’est celle au moins de mon état et de mes malheurs ; ordonnez qu’on me mette au fait de mes devoirs, et soyez sûre de mon exactitude à les remplir. Je vais vous y mettre moi-même, ma chère fille, répondit la Delmonse, en conduisant Justine dans deux cabinets pratiqués derrière la niche de glace du boudoir élégant de cette sibarite ; tenez, voilà les