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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/72

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de forces pour résister à toutes les attaques du crime. De ce moment la mégère ne se contient plus, la luxure se change aisément en fureur dans des ames de cette trempe[1] ; perfide créature, lui dit-elle, au comble de la rage, je saurai t’arracher de force ce que tu refuses de bon gré à mes passions ; elle sonne, deux de ses femmes paraissent, elles étaient prévenues ; esclaves des fantaisies de leur maîtresse, elles étaient depuis long-tems accoutumées à les favoriser et à les servir ; presque nues comme elle et échevelées, ressemblantes toutes trois à des bacchantes, elles saisissent Justine, la déshabillent, et pendant que les deux acolites l’exposent aux caresses impures de leur luxurieuse patrône, celle-ci agenouillée devant l’autel des plaisirs, effraie

  1. Dans toutes, la férocité est toujours ou le complément ou les moyens de la luxure ; toutes les recherches outrées du libertinage sont des actes de férocité ; il n’est pas un seul homme cruel qui n’ait été un très-grand libertin, et reversiblement un libertin qui ne devienne féroce ; au reste, la férocité n’est, comme la douceur, qu’un mode de l’ame absolument indépendant de nous, et nous ne devons, ni plus rougir, ni plus nous glorifier