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de Delmonse, qui décharge, à ce qu’on prétend, comme un homme. Tout fait horreur à Justine, rien ne l’émeut, tout lui répugne. Irritée de tant de résistances, la Delmonse se met dans une inconcevable fureur ; elle saisit Justine par les cheveux, elle l’entraîne dans sa chambre, l’y enferme et la laisse jeûner plusieurs jours au pain et à l’eau.

Cependant, jusqu’ici madame Delmonse n’avait songé qu’à satisfaire sa passion ; elle avait presque perdu de vue ce dont elle était convenu avec Dubourg, qui, de son côté s’occupant de nouveaux plaisirs, paraissait oublier ceux-là. L’espoir de la vengeance ramène Delmonse à ses promesses ; elle jouit de l’idée délicieuse de trouver un ennemi de plus à cette infortunée, et le récit de ce qui se passa va dévoiler les trames que ces scélérats employèrent.

Le huitième jour, Delmonse rendit à Justine sa liberté. Reprenez votre ouvrage, lui dit-elle gravement, et si vous vous conduisez bien, je pourrai peut-être oublier vos torts. Madame, répondit Justine, je desirerais bien qu’il vous plût de prendre quelqu’un à ma place ; je ne m’apperçois que trop que je n’ai pas ce qu’il faut pour vous plaire, et j’aime