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mieux une condition moins lucrative et qui ne me compromettra pas autant. J’ai besoin de quinze jours pour cela, dit aigrement madame Delmonse ; faites votre service très-exactement jusqu’à cette époque, et si vous êtes alors dans les mêmes intentions, je vous remplacerai. Justine accepte, et tout se calme.

Environ cinq jours avant l’échéance de ce délai, madame Delmonse, au moment de se coucher, ordonna à Justine de passer dans son appartement : n’ayez pas peur, mademoiselle, lui dit-elle en la voyant émue, je n’ai pas envie de m’exposer une seconde fois à vos humiliations ; je suis plus faite aux préférences qu’aux refus ; c’est pour mon service que je vous demande, et non pour autre chose. Justine entre ; mais quelle est sa surprise, quand elle voit Dubourg presque nud, au milieu des deux femmes de la Delmonse, empressées l’une et l’autre à servir les passions de ce libertin ; que devient-elle quand elle entend les portes se fermer, et que le ton, les discours, la phisionomie de celle à qui elle a affaire, ne lui présagent plus que des malheurs. Oh ! madame, s’écrie-t-elle en tombant aux pieds de cette femme perfide, quel