Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

missaire ; oh ! grand Dieu ! elle reconnaît Dubourg ; c’est lui, c’est cet insatiable libertin, qui, non content de l’exécration où sa scélératesse le livre, vient de porter la férocité au point de venir lui-même, sous ce déguisement, saisir, sur les traits renversés de sa malheureuse victime, toutes les progressions de la douleur et du désespoir où sa méchanceté la plonge ; raffinement exécrable, sans doute, mais dont l’effet devait être bien vif sur une ame aussi dépravée. Je suis perdue, dit Justine en le reconnaissant : elle veut parler ; mais la Delmonse fait tant de bruit, que notre malheureuse orpheline n’est point entendue ; les perquisitions se continuent, la montre se trouve ; Dubourg, qui vient de la placer lui-même, la fait voir au commissaire sous un matelat. Avec des preuves de cette force, il n’y a pas à répliquer ; Justine est saisie : Dubourg dispute à ses confrères l’honneur de la garrotter lui-même ; des cordes grossières, appliquées par la main du vice, déchirent, blessent inhumainement les mains de la candeur et de l’innocence. On dit même que tout en agissant, le scélérat a l’audace de rapprocher de sa culotte ces mains qu’il enchaîne, de leur faire sentir tout l’effet que