Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/82

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enrichie de diamans ; dès qu’elle avait fini, elle la reprenait, l’oubliait quelquefois, et Justine, pour-lors, la lui reportait aussi-tôt. Trois jours après l’évènement que nous venons de raconter, la montre de madame Delmonse s’égare, et cette fois-ci ne se retrouve plus. On interroge Justine, qui répond de son exactitude, et en donne pour preuve, celle dont elle a fait profession jusqu’à ce moment-ci. Delmonse ne dit mot ; mais le lendemain au soir, à peine Justine, retirée dans sa chambre, vient-elle de se jeter sur sa couche, inondée de larmes, pour y goûter quelques instans de repos, qu’elle entend enfoncer sa porte… Juste ciel ! c’est sa maîtresse même, conduisant un commissaire… des archers. Faites votre devoir, monsieur, dit-elle à l’homme de justice ; cette malheureuse a volé ma montre, vous la trouverez sur elle ou dans sa chambre… Moi, vous avoir volé, madame, dit Justine confondue, en se jetant en désordre au bas de son lit ; ah ! qui doit être plus pénétré que vous de mon innocence et de ma probité ? Ici les yeux effrayés de Justine tombent machinalement sur l’un des quatre records qui servent d’escorte au com-