Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/10

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gladiateurs : on n’entretient l’énergie d’une nation que par des spectacles de sang ; celle qui ne les adopte pas s’ammolit. Quand un empereur imbécille, en faisant monter le sot christianisme sur le trône des Césars, eut fait fermer le cirque à Rome, que devinrent les maîtres du monde ? Des abbés, des moines ou des ducs. Je suis parfaitement de cet avis, dit Ferdinand ; je voudrais renouveller ici les combats d’hommes contre des animaux, et même ceux d’homme à homme. J’y travaille ; Gravines et la Riccia m’aident tous deux, et j’espère que nous réussirons. La vie de tous ces gueux-là, dit Charlotte, doit-elle être comptée pour quelque chose, quand il s’agit de nos plaisirs ? Si nous avons le droit de les faire égorger pour nos intérêts, nous devons également l’avoir pour nos voluptés. Allons belles dames, nous dit Ferdinand, donnez vos ordres : en raison du plus ou moins de rigueur, du plus ou moins de police que je mets à la célébration de ces orgies, je puis faire tuer six cents hommes de plus ou de moins : prescrivez-moi donc ce que vous desirez à cet égard… Le pis… le pis, répondit Clairwil ; plus vous ferez égorger de ces coquins, et plus vous nous