Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/115

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cède à si bas prix l’unique objet de ses affections. — Une fille que j’idolâtre… la livrer, à qui ? à un scélérat, qui va la faire mourir ! — Oh ! oui, répondit l’Italien, et par d’horribles supplices, je vous en réponds. — Il faut donc que ces choses-là se payent, décidez-vous donc, monsieur, car si la pitié vient reprendre ses droits dans mon ame, vous n’aurez plus rien. Votre marchandise est chère, mademoiselle, reprit le négociant, mais, sacre-dieu, vous me prenez dans un moment où le feu de la luxure ne me permet plus aucune réflexion… Envoyez ce bon chez mon commis, et vous aurez l’argent désiré dans une demi-heure. Voyons l’autre fille, en attendant. Scélérate, dis-je bas à mon amie, c’est encore ici ton ouvrage ; il était décidé que tu ne voulais me laisser personne. — Oh, Juliette ! n’accuse de tout ceci que mon amour pour toi ; sois sûre que tu ne te repentiras jamais de t’être livrée à moi seule ; inspirée par mon idolâtrie, je te tiendrai lieu de toute la terre ; et elle sortit pour aller retirer l’argent. Je fis paraître Elise, d’abord seule. Elle est charmante, s’écria le paillard ! je ne m’étonne pas du prix que tu y mets ; et, se pressant de la déshabiller,