Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/118

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de constitution qui mène à la barbarie. — Avec une imagination bien plus vive que là nôtre, une femme doit plus avidement embrasser les excès, et voilà pourquoi, dans le crime, elles vont toujours bien plus loin que nous. Qu’on annonce un duel, un combat de gladiateurs, une exécution de justice, vous les verrez s’y porter en foule ; recensez les spectateurs, le résultat vous offrira toujours au moins dix femmes contre un homme. Une infinité de sots, ajouta le négociant, dupes de cette incroyable sensibilité qu’ils voient dans les femmes, ne se doutent pas que les extrémités se rapprochent, et que c’est précisément au foyer de ce sentiment que la cruauté prend sa source : parce que la cruauté n’est, elle-même, qu’une des branches de la sensibilité, dis-je, et que c’est toujours en raison du degré dont nos âmes en sont pénétrées, que les grandes horreurs se commettent. Tu parles comme un ange, mon cœur, dit le négociant ; baise-moi mille fois, j’aime ton esprit autant que tes charmes, tu devrais t’attacher à moi. Je suis inviolablement attachée à mon amie, répondis-je, nous sommes inséparables et ne nous quitterons qu’à la mort. — Elle resterait avec toi. —