Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/121

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s’évanouir. Une dernière porte semblable aux autres s’ouvre enfin et se ferme avec les mêmes procédés ; deux vieilles femmes de soixante ans nous reçoivent. Tout est-il prêt, dit Cordelli ? Depuis ce matin, monsieur, répond une des vieilles ; et nous ne vous attendions pas si tard : nous avançons ; une salle-basse assez triste s’offre d’abord à nous. Regardez où nous sommes, dit Cordelli, en ouvrant une fenêtre ; et quelle fut alors notre surprise, de nous voir à trois cents pieds de la surface de la mer, et presque au milieu des eaux : ce rocher décrit une courbe, dit le négociant, la ligne perpendiculaire tomberait à une demi-lieue du rivage ; on peut crier tant qu’on veut ici, l’on est sûr de n’être entendu de personne ; nous sortîmes de cette salle et montâmes au second : tel était le lieu de la scène ; jamais peut-être rien d’aussi horrible ne s’était offert à mes yeux. Sur une estrade ronde, placée au milieu de cette salle, ronde elle-même, nous distinguâmes, dès en entrant, tous les différens instrumens nécessaires à tel supplice que l’on pût imaginer. Il y en avait de si exécrables, de si incompréhensibles, que jamais même l’idée de leur existence ne