Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/146

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chauffais son vit dans ma bouche, et la Durand l’excitait par des propos. Cordelli, lui dit-elle, la preuve que tu n’es pas assez féroce, c’est qu’il nous reste encore des horreurs à inventer, après toi. — Prouvez-moi cela. — Facilement. Je vais, si tu le veux, ordonner moi-même le supplice de la fille qui te reste, et tu verras, je me flatte, des choses plus fortes que celles qu’enfanta jusqu’ici ta débonnaire imagination. Voyons, dit le négociant. Il faut, dit ma compagne, qu’au moyen des instrumens que je vois-là, vous fassiez enlever délicatement la peau de cette jeune fille : ainsi écorchée vive, vous la fouetterez avec des épines, vous la frotterez ensuite avec du vinaigre ; et vous renouvellerez sept fois cette opération. Arrivé aux nerfs, vous les lui piquerez avec des pointes d’acier rougies, puis vous la plongerez dans un brasier ardent. Oh ? foutre, dit Cordelli, quel supplice ! Écoute Durand, je l’accepte ; mais je t’avertis que je te le fais subir à toi-même, s’il ne me fait pas décharger. J’y consens. — Travaillons. On fait avancer la donzelle ; c’était la plus jolie des deux. Cette malheureuse avait la plus belle taille possible, de superbes cheveux blonds, un