Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/154

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gnes de mécontentement que j’apperçois déjà sur ta figure, je réponds, dis-je, que je les sacrifierai, dès que tu le voudras, avec la même facilité que j’ai fait les autres. — Il te faut donc toujours des femmes ? — Il m’est impossible de m’en passer, mais il ne me faut qu’un cœur, et c’est du tien seul que je veux faire à jamais mon unique trésor. — Flatteuse, il faut céder à tout ce que tu veux ! Lila, c’était celle de seize ans, et Rosalba furent donc aussitôt relâchées et mises néanmoins sous clef dans une des meilleures chambres du château ; il y avait déjà huit jours que ces pauvres filles étaient reléguées dans ces cachots mal-sains, mal nourries, couchées sur la paille, et l’on s’appercevait du mal-aise que leur faisait éprouver leur détention ; toutes deux s’effrayaient encore, mais quand je les eus baisées, caressées, leurs larmes coulèrent, et elles m’accablèrent d’amitiés ; elles étaient sœurs et filles d’un riche négociant de Raguse, avec lequel Cordelli se trouvait en correspondance ; il avait persuadé à leur père de les faire élever à Venise, et le scélérat semait le bruit de leur mort, afin de s’en emparer. Je vais imiter ton exemple, dit la Durand,