Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/156

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de ces caveaux, et nous n’avions pas d’outil pour les enfoncer. Plus nous trouvions de difficultés, plus augmentait, suivant l’usage, le desir que nous avions de les vaincre. À force de tourner, nous découvrîmes une petite fenêtre qui donnait dans ce caveau, et que deux seuls barreaux garantissaient. Notre premier mouvement fut de nous élancer pour voir à travers. Là, six grands coffres s’offrirent à notre vue : vous imaginez comme cet aspect redoubla notre zèle ; enfin, après des peines infinies, nous parvenons à déraciner ces barreaux. Je m’élance la première ; j’ouvre un de ces coffres avec une incroyable agitation ; mais, hélas ! combien notre joie est courte, en voyant que ces bahus immenses ne contiennent que des instrumens de supplices, ou des hardes de femmes. J’allais de rage abandonner l’opération, lorsque Durand me dit, cherchons bien, je ne puis m’ôter de la tête qu’il n’y ait autre chose là-dedans. Je fouille ; mes mains tombent sur un paquet de clefs, dont l’une porte pour étiquette : clef du trésor. Oh, ma chère Durand ! m’écriai-je, ne cherchons plus ici ; voilà la preuve que l’objet de nos vœux n’est pas dans ce caveau.