Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/157

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Hélas ! nous avions d’abord trouvé des portes sans clefs, voilà maintenant des clefs sans portes. Dona Maria, sais-tu quelque-chose, dis nous-le, ta fortune est faite ? Vous me mettriez entre la mort et des millions, que je ne vous en dirais pas davantage, répondit la vieille. Cherchons, nous trouverons peut-être : allez, dit la Durand, me chercher une baguette de ce coudrier que j’ai vu dans la cour. Dès que mon amie l’a reçue, elle se livre à l’impression de cette baguette, d’abord immobile en ses mains. Elle monte : un secret mouvement l’avertit de tourner à gauche ; elle suit une longue gallerie, au bout de laquelle une nouvelle porte de fer se présente à nous. J’essaie à l’instant les clefs ; elles ouvrent ; la baguette tourne alors dans les mains de Durand avec une incroyable rapidité. Dix énormes caisses étaient dans cette chambre, et certes ce n’étaient ici ni des vêtemens de femmes, ni des instrumens de supplices, mais de belles et bonnes pièces d’or, dont il y avait pour plusieurs millions. Allons, dis-je, pleine de courage et de joie, il ne s’agit plus que d’emporter. Comment faire pour y réussir ! Se confier aux domestiques était dangereux ; on ne pouvait des-