Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/175

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c’était un déraisonnement… un décousement d’idées… un dévergondage… une série de blasphêmes si énergiques, des soupirs si brûlans… des cris si prodigieux à l’instant de la crise. Oh non ! je le répète, jamais Vénus n’eut une plus fidèle prosélite… jamais délire ne fut semblable… jamais putain plus débordée.

La coquine ne s’en tint pas là ; il fallut boire, après avoir foutu ; nous nous achevâmes : la soubrette se mit à table avec nous, mais les hommes furent congédiés ; et quand nous fûmes toutes trois hors de raison, nous nous remîmes à nous branler comme des garces, jusqu’à ce que l’astre des cieux venant éclairer nos saturnales, nous contraignît enfin à les suspendre, pour retrouver dans un peu plus de repos, les forces nécessaires à recommencer.

Quelques jours après, cette charmante femme vint me voir, je lui avais, disait-elle, absolument tourné la tête, elle ne pouvait plus se passer de moi. À présent que nous nous connaissons mieux, chère amie, me dit-elle, il faut que je t’avoue tous mes penchans ; je suis pleine de vices, et comme on dit que tu as beaucoup de philosophie dans l’esprit, je viens