Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/208

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de derniers arrangemens que je n’avais nullement envie de prendre.

Je passai la nuit la plus agitée. Dieux ! que je me fis branler de fois, par mes femmes, sur l’idée des crimes dont je venais de me souiller. C’est alors que je reconnu bien qu’il n’est pas au monde de plaisir plus violent que celui du meurtre : cette passion une fois introduite dans le cœur, aucun effort ne peut l’en arracher. Rien, non, rien n’est comparable à la soif du sang. À peine en a-t-on goûté, qu’il devient impossible de s’en rassasier, et l’on n’existe plus qu’en multipliant ses victimes.

Cependant, rien au monde ne pût me décider à accepter la proposition de cet homme ; j’y voyais, comme je vous l’ai dit, des dangers infiniment supérieurs aux profits ; et bien décidée au refus, je contai tout à la Durand, qui m’assura que je faisais d’autant mieux, qu’assurément cet homme n’aurait pas été trois mois à me traiter comme sa maîtresse. Quand il reparut, je lui fis fermer ma porte, et je ne l’ai jamais revu depuis.

Un jour, la Durand me fit prier de monter chez elle, pour une femme qui me de-