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sirait encore avec ardeur ; car il est inoui combien j’inspirais naturellement plus aux femmes qu’aux hommes. La signora Zatta, épouse d’un procurateur, pouvait avoir cinquante ans, belle encore, et douée du plus ardent amour de son sexe. À peine m’a-t-elle vue, que la tribade me cajole comme un homme, et ses instances deviennent telles, qu’elle m’ôte, pour ainsi dire, tous les moyens de lui résister.

Nous soupons ensemble ; et au dessert, la Messaline à moitié ivre, se précipite sur moi, et me met nue. Zatta était une de ces femmes à fantaisie, qui, pleines d’esprit et d’imagination, aiment moins leur sexe par goût que par libertinage, et qui remplacent avec lui les jouissances réelles par les plus luxurieux caprices. Cette créature n’avait absolument que des goûts d’hommes ; je déchargeai six fois sous ses doigts savans, ou plutôt, ce ne fut qu’une seule éjaculation qui se prolongea pendant deux grandes heures. Revenue à moi, je voulus attaquer la bisarrerie des goûts préliminaires de cette femme ; mais je la trouvai aussi habile à les défendre qu’ardente à en jouir. Elle me prouva que l’égarement où elle se livrait, était pour elle