Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/228

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une qui soit utile, pas une enfin qui n’ait eu pour elle la sanction de quelques peuples. Mais, vous dit-on imbécillement encore, puisque vous êtes né dans ce climat ci, vous devez en respecter les usages : pas un mot ; il est absurde à vous de vouloir me persuader que je doive souffrir des torts de ma naissance ; je suis tel que la nature m’a formé ; et s’il existe une contrariété entre mes penchans et les loix de mon pays, ce tort appartenant uniquement à la nature, ne doit jamais m’être imputé… Mais, ajoute-t-on encore, vous nuirez à la société, si l’on ne vous en soustrait : platitudes que cela. Abandonnez vos stupides freins, et donnez également à tous les êtres le droit de se venger du tort qu’ils reçurent, vous n’aurez plus besoin de code, vous n’aurez plus besoin du sot calcul de ces pédans boursouflés, plaisamment nommés criminalistes, qui, pesant lourdement dans la balance de leur ineptie, des actions incomprises de leur sombre génie, ne veulent pas sentir que quand la nature a des roses pour nous, elle ne peut nécessairement avoir que des chardons pour eux. Abandonnez l’homme à la nature, elle le conduira beaucoup mieux