Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/229

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que vos loix : détruisez sur-tout ces vastes cités, où l’entassement des vices vous contraint à des loix répressives : quelle nécessité y a-t-il que l’homme vive en société ? rendez-le au sein des agrestes forêts qui le virent naître, et laissez-lui faire là, tout ce qui pourra lui plaire ; ses crimes alors, aussi isolés que lui, n’auront plus nul inconvénient, et vos freins deviendront inutiles : l’homme sauvage ne connaît que deux besoins, celui de foutre, et celui de manger ; tous deux lui viennent de la nature ; rien de ce qu’il fera pour parvenir à l’un ou l’autre de ces besoins, ne saurait être criminel : tout ce qui fait naître en lui des passions différentes, n’est dû qu’à la civilisation et qu’à la société ; or, dès que ces nouveaux délits ne sont le fruit que des circonstances, qu’ils deviennent inhérens à la manière d’être de l’homme social, de quel droit, je vous prie, les lui reprocherez-vous ? Voilà donc deux seules espèces de délits auxquels l’homme peut être sujet ; 1°. ceux que l’état de sauvage lui impose : or, n’y aura-t-il pas de la folie à vous de le punir de ceux-là ? 2°. Ceux que sa réunion aux autres hommes lui inspire ; ne serait-il pas plus extravagant en-