Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/232

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serait, incontestablement, d’après les notions reçues par ses sectateurs, l’être le plus bisarre, le plus cruel, le plus méchant et le plus sanguinaire ; et de ce moment nous n’aurions pas en nous assez d’énergie, assez de puissance pour le haïr, pour l’exécrer, pour l’avilir, et le profaner au point où il mériterait de l’être. Le plus grand service que pourraient rendre des législateurs, serait une loi sévère contre la théocratie. On n’imagine pas à quel point il est important de culbuter les funestes autels de cet horrible Dieu ; tant que pourront renaître ces fatales idées, il n’y aura pour les hommes, ni repos, ni tranquillité sur la terre, et le flambeau des guerres religieuses sera toujours suspendu sur nos têtes. Un gouvernement qui permet tous les cultes, n’a pas absolument rempli le but philosophique, auquel tous doivent tendre : il doit aller plus loin, il doit expulser de son sein tous ceux qui peuvent troubler son action. Or, je vous démontrerai, quand vous voudrez, que jamais un gouvernement ne sera vigoureux, ni stable, tant qu’il admettra chez lui, le culte absurde d’un être suprême ; c’est-à-dire la boëte de Pandore, l’arme