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acérée et destructive de tout gouvernement, le systême effrayant, en vertu duquel les hommes se croyant journellement en droit de s’égorger entr’eux. Qu’il périsse mille et mille fois, celui qui s’avisera de parler d’un Dieu dans un gouvernement quelconque. Le fourbe, à ce nom sacré, et revéré des sots, n’a d’autre objet que d’ébranler les bases de l’état ; il veut y former une caste indépendante, toujours ennemie du bonheur et de l’égalité, il veut maîtriser ses compatriotes, il veut allumer les feux de la discorde, et finir par enchaîner le peuple, dont il sait bien qu’il fera toujours ce qu’il voudra, en l’aveuglant par la superstition, et l’empoisonnant par le fanatisme. Mais, dit la Durand, dans la seule vue de faire jaser notre homme, la religion est la base de la morale ; et la morale, quelque soient les entorses que tu viennes de lui donner, n’en est pas moins très-essentielle dans un gouvernement.

De quelque nature que vous supposiez ce gouvernement, reprit Cornaro, je vous prouverai que la morale y est inutile. Et, qu’entendez-vous en effet, par morale ; n’est-ce pas la pratique de toutes les vertus