Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/235

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jours dans l’état où il peut être le plus facilement captivé ? Or, cet état n’est-il pas visiblement celui de l’immoralité ? L’espèce d’ivresse dans laquelle végète perpétuellement l’homme immoral et corrompu, n’est-il pas l’état où son législateur le fixe avec le plus de facilité ? Pourquoi donc lui donnerait-il des vertus ? Ce n’est jamais que quand l’homme s’épure, qu’il secoue ses freins… qu’il examine son gouvernement et qu’il en change. Pour l’intérêt de ce gouvernement, fixez-le par l’immoralité, et il vous sera toujours soumis. Je vous demande d’ailleurs, les choses vues en grand, de quelle conséquence sont les vices entre les hommes ? Qu’importe à l’état que Pierre vole Jean ; ou qu’à son tour celui-ci assassine Pierre ? Il est parfaitement absurde d’imaginer que ces différens délits réciproques, puissent être de la plus légère importance à l’état. Mais il faut des loix qui captivent le crime : à quoi bon ? quelle nécessité y a-t-il de captiver le crime ? le crime est nécessaire aux loix de la nature, il est le contre-poids de la vertu : il convient bien aux hommes de vouloir le réprimer. L’homme des forêts avait-il des loix qui contînssent ses passions,