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sociales : or, qu’importe je vous prie, le respect de toutes les vertus, aux ressorts du gouvernement ? Craignez-vous que le vice contraire à ces vertus, ne puisse entraver ses ressorts ? Jamais. Il est même bien plus important que l’action du gouvernement agisse sur des êtres corrompus, que sur des êtres moraux. Ceux-ci raisonnent, et jamais vous n’aurez de gouvernement solide par tout où l’homme raisonnera ; car, le gouvernement est le frein de l’homme, et l’homme d’esprit ne veut aucun frein. Voilà d’où vient que les plus adroits législateurs, desiraient ensevelir dans l’ignorance les hommes qu’ils voulaient régir ; ils sentaient que leurs chaînes assujétissaient bien plus constamment l’imbécille, que l’homme de génie : dans un gouvernement libre, allez-vous me répondre, ce desir ne peut être celui du législateur. Et quel est, selon vous, le gouvernement libre ; en existe-t-il un seul sur la terre ? je dis plus, en peut-il exister un seul ? L’homme n’est-il pas par-tout l’esclave des lois ? et, de ce moment, ne le voilà-t-il pas enchaîné ? Dès qu’il l’est, son oppresseur, tel qu’il soit, ne doit-il pas desirer qu’il se maintienne tou-