Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/238

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tout ; sans travail, sans ressources, nous sommes prêts à nous plonger tous cinq, dans l’abîme éternel de la mort, si la dureté des hommes persiste à nous enlever tous les moyens de prolonger nos jours… Oh ! mon cher monsieur, ne voyez pas, sans vous attendrir, l’excès de la misère à vos genoux : soulagez-nous, ou nous allons périr.

Je l’ai dit, rien n’était joli comme cette femme ; son costume négligé, sa grossesse, des grâces infinies répandues sur toute sa personne, des enfans d’une physionomie enchanteresse, d’intéressantes pleurs inondant les joues de cette jolie famille, tout enflamma si bien la criminelle luxure de notre libertin, que je crus un instant qu’il allait décharger sans qu’on le touchât ; mais il s’en garda bien, c’est pour des scènes bien plus piquantes que le scélérat se réserve ; et c’est pour les exécuter qu’il passe avec moi dans Un cabinet, où l’on venait de faire entrer les nouvelles victimes que je viens de peindre.

C’est là que la férocité de cet anthropophage, se développe dans toute son étendue ; il n’est plus à lui ; le décousement de ses propos, annonce son nouveau désordre ; il