Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/265

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monde. — En vérité, monsieur, ce n’est pas trop, ce me semble, la peine de la garder pour cela, et quand vous en serez rassasié, on vous fournira facilement ici les moyens de vous en défaire, et vous n’aurez pas de dot à payer. — Que dis-tu, Juliette ? — Il y a mille façons. Comment, l’idée d’un meurtre de débauche n’est jamais venu souiller votre imagination ? — Si… j’ai quelquefois conçu cette fantaisie… mais avec ma fille ! Et je voyais le vit du paillard lever, à cette idée, une tête rubiconde et vermeille, signe assuré du plaisir dont le seul apperçu du projet, enflâmait ses sens irrités. Juliette, poursuivait-il, en baisant avec fureur les traces de ses cruautés, tu m’avoueras que ce serait un crime horrible, un délit sans exemple, et dont frémirait la nature. — Vous en jouiriez pourtant. Alors, pour achever d’enflâmer le paillard, je tire des cordons préparés ; la chambre où nous sommes s’obscurcit au plus grand degré ; je frappe contre la cloison, et le corps entier de Rosina passe dans la chambre. Observez-vous, dis-je bas à Contarini, la voilà toute entière ; mais ne dites mot. Le libertin saisit sa fille, s’énivre sur sa bouche et sur ses