Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/273

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à la minute même… Les crimes de votre père sont tels, que dans quelques minutes il ne sera plus tems ; et pendant qu’elle se consultait, Zeno fut s’enfermer avec Lila, pour achever de s’exciter aux infamies qui ranimaient. Je donne le mot à Rosalba, dont l’esprit pénétrant faisait chaque jour de nouveaux progrès ; et pour combler la méchanceté, nous sermonâmes cette jeune fille en sens inverse : oh ! mademoiselle, lui dit Rosalba, n’ayez aucune confiance en ce libertin ; il est capable de tout, dès qu’il a pu l’être, d’exiger votre honneur pour prix des jours de votre père. Il vous trahira, dès qu’il aura joui de vous ; et le monstre, pour couvrir son crime, vous immolera peut-être, sur les mânes encore palpitantes du respectable auteur de vos jours : mais, à supposer qu’il tienne parole, de quel œil votre amant verra-t-il ce sacrifice ? L’amour n’en pardonne point de cette espèce, et vous êtes bien sûre de n’être jamais excusée par lui ; méfiez-vous de tous les pièges qu’on vous tend ; ce que vous inspirez dès la première vue, m’engage à vous le dire… Vous êtes perdue, si vous faiblissez ; la reprenant de là, et sans avoir l’air de savoir ce que Ro-