Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/275

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moiselle, vous ne pouvez refuser ce que l’on vous propose, sans crime, je vous le répète ; la pudeur que vous allez sacrifier, n’est qu’une vertu de convention ; la piété filiale que vous outrageriez, en ne cédant pas, est le vrai sentiment de la nature, le sentiment précieux et cher que vous n’étoufferiez pas, sans mourir de douleur.

Vous n’avez pas d’idée, mes amis, du bouleversement dans lequel nous tenions cette ame timorée, par des propos de cette nature ; son esprit était si troublé, que ses forces morales étaient prêtes à l’abandonner. Zeno rentre… et dans un tel état d’indécence, qu’il n’était plus possible de douter de la perte de sa malheureuse victime : le coquin bandait ferme, et Lila nue, nous l’amenait par le bout du vit. Eh bien ! est-elle décidée, nous dit-il en balbutiant ? Oui, oui, répondis-je ; monseigneur, mademoiselle est trop raisonnable pour ne pas sentir qu’elle doit bien plus à son père, qu’à sa prétendue virginité, et elle est prête à vous l’immoler sur-le-champ… Non, non, s’écria cette pauvre fille en larmes, non, non, j’aime mieux la mort ; mais la saisissant aussi-tôt, mes femmes et moi, en deux mi-